Description
Trois coups retentirent à la porte, dont la vigueur péremptoire ne laissait aucun doute sur l’identité du nouvel arrivant.
« Le Maréchal ! » s’exclama Lison.
Fédor balança son livre par terre, oublieux de l’enthousiasme qu’il lui procurait, et trotta jusqu’à la porte.
L’homme, aussi rectangulaire qu’une commode, occupait tout l’encadrement. Bien qu’il fût le plus âgé de l’assemblée, avec la soixantaine qui blanchissait sa barbe coupée au carré, il compensait ce handicap par une présence impressionnante et tonique qui lui avait d’ailleurs valu son surnom militaire au sein du Club. Avant même de faire un pas, avant que l’impatient Vayec lui eût posé la traditionnelle question, il eut en guise de salutation cette syllabe tonitruante :
« J’ai ! »
Cette nuit encore, le club Diogène pourra donc lutter contre son pire ennemi : l’Ennui. Paris, en cette fin de XIXe siècle, est d’un assommant… La grosse ville s’embourgeoise et pue les vapeurs de l’industrialisation. Cela mérite bien qu’à la lune levée on s’échappe de chez soi, et qu’au cinquième étage d’un hôtel magnifiquement délabré on tienne d’occultes conciliabules, à l’affût d’une affaire de fantômes séduisants, de vampires perdus ou encore de cadavres en puzzle.
Dire que Vayec, Franklin, Lison, Camille, le Maréchal, d’Orville et Fédor ne se connaissent même pas ! Dire que ce ne sont que des noms de guerre, sous l’anonyme impunité desquels ils œuvrent dans l’étrange et le sang. « Monsieur », leur énigmatique patron, les a mis en garde : interdiction pour eux de se fréquenter en dehors du Club !
Il apparaît donc, dès ce premier volume, que le club Diogène lui-même ne constitue pas le moindre mystère des onze aventures ici réunies.